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J'admire depuis longtemps le Land Art et le dessin naturaliste, et me voici combinant les deux... (A gauche mon dessin, à droite mes modèles)
Ich bewundere seit längerer Zeit die Land Art und die naturalistische Zeichnung. Da verbinde ich die Beiden... (Links meine Zeichnung, rechts meine Modelen) ![]() (Version française voir plus bas...) Letztens in Deutschland habe ich an mehreren offiziellen « Frauentreffen » teilgenommen : Frauenfrühstück, Frauenabende, Frauenkino... (ich liebe die deutsche Sprache und die zusammengesetzte Wörter...), so zu sagen sieht es so aus, daß die deutsche Frauen solche Sachen gern haben, und warum nicht, ich liebe meine Freundinnen :). Einen anderen Abend fuhr ich an meinen Zeichenkurs, normalerweise hauptsächlich von Frauen besucht, auch wenn es in diesem Rahmen nicht offizielle Frauenabende ist (nur eine weibliche Neigung vielleicht). Ich parkte mein Auto auf einen Frauenplatz (mein Ego geschmeichelt, es tut gut, Frau in Deutschland zu sein...). Dann kam ich an den Kurs, und da erwartete mich eine Überraschung : es war einen Männerabend !!! Nichts programmiert, aber zufälligerweise (glückliche?) an diesem Abend war der Modell Mann, der Lehrer und alle Schüler auch. Außer ich, einzige weibliche Präsenz. Nach der überraschenden Wirkung, errinerte ich mich an meiner Physikstudium und den männlichen Vorlesungen, dann sagte ich mich, daß es mir etwas Abwechslung gab, und ich genoß endlich das Moment... (zufriedene Lächeln). Als ich mich bemühte, die Modellproportionen auf dem Papier abzuzeichnen, mein Geist galoppierte... Und da kam mich plötzlich die Idee, die den Objekt dieser Blogpost ist : Frauentreffen... Zeichnung... Mann... Physik... Modern... für Frauen... ich war geistig abwesend, und ich stellte mich den Modell in einer Physikvorlesung vor, um theoretische Worte zu illustrieren... würden dann so mehrere Frauen zur Physik kommen ?... Wenn ich die moderne Physik an Frauen anders erzählen würde... hmm, dieser Zeichenkurs inspiriert mich ! Da bin ich also, und bei dem wunderschönen Modell, der meinen Text illustriert, bedanke ich mich... jetzt erweitere ich... und denke, daß jede moderne Frau etwas Physikahnung haben sollte, nein ? Doch, es klingt schön in mondäne Abende (à la francaise)... Also Mann, der mich gerade liest, du hast gut verstanden, dieser Text ist nicht für dich, es handelt sich schon um eine Frauennachricht (da wirst du genau weiter lesen, oder...?) Da bin ich also, meine Liebe (und Männer, die weiter lesen) : auf dieser Zeichnung (mag es den geübten Künstlern gegenüber die Proportionen recht sein oder nicht, ich bin Anfängerin) illustriere ich eine Gleichung der moderne Physik, die die Heisenbergsche Unschärferelation heißt. Eine fundamentale Gleichung der moderne Physik, von Werner Heisenberg entwickelt, hübscher deutscher Physiker der XX, Nobelpreis in 1933 (also nicht irgendwelcher). Diese Gleichung wirft Basis der Quantenphysik... (ja sicher, daß ihr schon dieses Wort irgendwo gehört habt...) ΔxΔp ≥ h mit Δx die Unschärfe der Position, Δp die Unschärfe der Bewegung, und h das Plancksche Wirkungsquantum (chinesisch, ich weiß) Ich erkläre aber : wenn ihr meine Zeichnung beobachtet, entscheidet ihr, eure Augen entweder auf eine den Positionen zu konzentrieren (alle interessanteste als die andere, nicht wahr), oder auf die gesamte Bewegung. Diese beide Möglichkeiten zusammen zu beobachten ist unmöglich. Und das ist genau, was die Heisenbergsche Unschärferelation sagt : wenn man einen Teilchen beobachtet (hier würde unser hübscher Modell die Rolle eines Elektrons oder Protons zum Beispiel spielen... nicht schlecht für einen Teilchen...), ist es unmöglich gleichzeitig die Position und die Bewegung zu kennen. Entweder oder ! Und wenn unser lieber Werner das behauptet, widerspricht er schlicht und einfach die klassische Physik von Isaac Newton (ihr weißt, der Physiker Ende XVII mit dem Apfel, der immer auf die Erde zurückfällt, und nie fliegt...), da Newton behauptete, daß die ganze Welt deterministisch war... Und da ist die fundamentale Idee der Heisenbergsche Relation, und das sagt uns die Quantenmechanik : in der Welt beherrscht die Unbestimmtheit. Und das ist auch gut so, glaube ich, weil etwas Willensfreiheit tut es nicht schlecht, oder, und umso besser auch, wenn dieser schöner Modell uns noch überrraschen kann... … Und ich überrasche mich selber : ich habe gerade einen Physikkurs gemacht ! Na, auf meine Weise. Mit der Hoffnung, daß eine Leserin (oder Leser !) etwas gelernt hat, mit etwas Spaß... mal sehen... * * * Ces derniers temps en Allemagne, j'ai pu participer à nombre de « sorties-filles » officielles : petit-déjeuner ou soirée entre filles, cinéma exclusivement réservé aux filles... pour dire que les allemandes semblent friandes de ce type de choses, et pourquoi pas, j'aime beaucoup mes copines :). Puis, l'autre soir, je me rendais à mon cours de dessin habituellement fréquenté en majorité par des femmes, même si, dans ce cadre là, il n'y avait rien d'officiel (juste une tendance féminine peut-être). Je garais dans le parking ma voiture sur une place réservée aux femmes (mon ego féminin flatté, il y a du bon d’être femme en Allemagne...). Puis j'arrivais sur les lieux du cours, et là, quelle ne fut pas ma surprise de me retrouver dans une soirée-homme !!! Rien de programmé, mais ce soir là, par un hasard (heureux?), le modèle était homme, le prof homme, et tous les élèves hommes. Sauf moi, unique présence féminine. Suite à l'effet de surprise, je me remémorais mes études de physique et les amphis quasi-masculins, je me dis que ça me changeait un peu tout de même, et je savourais enfin l'instant... (sourire satisfait). Alors que je m’efforçais de retranscrire sur le papier les proportions du modèle, mon esprit galopait... et ce fut là que me vint tout à coup l'idée qui fait l'objet de cette entrée dans mon blog : sorties-filles... dessin... homme... physique... moderne... pour les femmes... mon imagination vagabondait, et je me représentait le modèle dans un amphi de physique pour illustrer des propos théoriques, cela amènerait-il plus de filles vers la physique ?.... Si je racontais la physique moderne aux femmes autrement... hmm, ce cours de dessin m'inspire ! M'y voilà donc, remerciements au magnifique modèle du dessin qui illustre mon texte, je développe... et me dis que toute femme moderne devrait avoir quelques notions de physique, non ? Ben si, ça fait bien dans les dîners mondains (à la française)... Donc, homme qui me lit actuellement, tu as bien compris, ce texte ne t'est pas destiné, il s'agit bien d'un message pour les femmes (à ces mots, je te vois venir, tu vas lire jusqu'au bout, n'est-ce pas...) Alors m'y voici, mesdames (et messieurs qui lisent encore) : sur ce dessin (n'en déplaisent aux artistes professionnels quant aux proportions, je débute), j'illustre une équation de la physique moderne qui s'appelle le principe d'incertitude de Heisenberg, une équation fondamentale développée par Werner Heisenberg, beau physicien allemand du XXè siècle, prix Nobel en 1933 (donc pas n'importe qui). Cette équation jette les bases de la physique quantique... (oui, je suis sure que vous avez déjà entendu ce mot quelque part...) ΔxΔp ≥ h avec Δx l'incertitude sur la position, Δp l'incertitude sur le mouvement, et h la constante de Planck (du chinois, je sais) Mais j'explique : quand vous observez mon dessin, vous choisissez de concentrer votre regard soit sur une des positions du modèle (toutes plus intéressantes les unes que les autres, n'est-ce pas), soit sur le mouvement dans son ensemble. Observer ces deux options dans un même temps est impossible. Et bien c'est exactement ce que dit l'équation de Heisenberg : quand on observe une particule (notre beau modèle jouerait ici le rôle de l'électron ou du proton par exemple... pas mal, hein comme particule...), il est impossible de connaître à la fois sa position et son mouvement. C'est l'un, ou l'autre. Et quand notre cher Werner affirme cela, il contredit purement et simplement la physique classique de Isaac Newton (vous savez le physicien fin XVIIè de la pomme qui retombe toujours sur la terre et qui ne s'envole jamais...), parce que Newton prétendait que le monde entier était déterminé... Et voilà l'idée fondamentale du principe d'Heisenberg, voilà ce que nous dit la physique moderne : dans le monde règne l'indétermination. Et c'est tant mieux je crois, car un peu de libre arbitre, ça ne fait pas de mal, non, puis tant mieux aussi si ce beau modèle peut encore nous surprendre... … Et je me surprends moi-même : je viens de faire un cours de physique ! Enfin, à ma manière. Avec l'espoir qu'une lectrice (ou lecteur !) ai appris quelque chose, avec un peu de plaisir... on verra... © Blandine Pluchet, 2014 ![]() Mes projets prennent peu à peu forme... et je présente enfin quelques dessins sur mon site: Meine Projekte nehmen peu à peu Gestalt an... und ich stelle endlich auf meiner Website einige Zeichnungen vor: http://www.blandinepluchet.com/galerie.html (auf Deutsch unten sehen) Cela fait déjà quelques semaines que je suis ce cours intensif de dessin. Ce jour là, nous devons retrouver les formes et les proportions du modèle au pinceau. Je tâtonne. Des taches de couleur maladroites, on reconnaît quelque chose, mais je ne suis pas vraiment satisfaite du résultat. Alors l'enseignant s'assoit devant ma feuille pour me montrer. En quelques coups de pinceau, il trace les formes du modèle, quelques taches monochromes font vivre l'ombre et la lumière sur le papier. Évidemment, c'est beau. J'observe l'évolution de son travail, subjuguée. J'admire l'habileté de l'artiste, j'envie sa facilité, oubliant le travail qu'il a du fournir un temps de sa vie pour obtenir un tel résultat. En quelques coups de pinceau, il pose la modèle sur ma feuille, plus belle que nature, une aquarelle monochrome d'une grande simplicité et pourtant si juste. C'est magnifique, j'en reste muette, admirative. Puis peu à peu, j'ai le sentiment diffus que je viens de comprendre quelque chose. Quelque chose que je savais déjà, mais que je n'avais jamais ressenti. Ce serait donc cela l'art. L'habileté. Pour le comprendre, je devais donc m'y prêter, puis observer l'artiste. Si il y a de la beauté dans ce monde, je la rencontrais jusqu'alors surtout dans la nature et ce qu'elle avait pu créer et corriger par retouches de millions d'années. Je trouvais les œuvres d'art dans les musées intéressantes, c'est tout. Ce jour là, plus que l’œuvre achevée, c'est la prestation de l'artiste qui m'impressionne. Qu'un homme imparfait puisse exécuter avec autant de simplicité et de facilité un si beau dessin. Le mouvement du pinceau, la naissance du trait, la précision de la touche... je viens de découvrir la beauté intrinsèque au geste de l'artiste. J'ai fait des études de physique. Plus ou moins consciemment, je cherchais des réponses au comment et au pourquoi du monde. D'où venons-nous ? Il y a quinze ans, j'avais le cerveau en ébullition, et jouer avec des concepts mathématiques m'enchantait. Qu'est-ce que la physique m'a appris ? J'ai trouvé un semblant de réponse. Pas le pourquoi, mais un sens. Comprendre que le monde a sans cesse évolué vers plus de complexité et une certaine harmonie, dont découle une indéniable beauté. Le physicien est un peu un archéologue qui retrace l'histoire de l'univers et du monde, la décrivant avec une langue, les mathématiques. Je suis heureuse d'avoir étudié cette histoire si juste, écrite par ces hommes de science. L'artiste aussi cherche depuis longtemps à décrire le monde. Avec la même langue, les mathématiques. Avec autant d'essais, d'expérimentations, de remise en question et de corrections que le physicien. L'artiste a lui aussi découvert une manifeste beauté du monde. L'équilibre des proportions. Il a développé des canons, des règles d'or, le physicien des lois physiques, des équations. Le physicien et l'artiste. Tous deux cherchent à décrire le monde pour en saisir l'essence, tous deux inventent un modèle idéal inspiré d'une langue, les mathématiques. Mais si le modèle se rapproche de la réalité, tous deux savent qu'il ne l'est pas. Car le monde est imparfait. Les symétries observées ne sont que rarement parfaites. Mais ces asymétries sont justement intéressantes. Car elles font évoluer le monde. Si, au début de la grande histoire dévoilée par les physiciens, il y avait eu autant de particules que d'antiparticules, le monde se serait annihilé. Et une composition trop symétrique est ennuyante, dira l'artiste. Ce sont les imperfections qui engagent le monde à s'améliorer. Il cherche ainsi à se rapprocher de la perfection sans jamais l'atteindre, comme une fonction logarithmique tendant vers l'infini approche sa limite sans jamais la rencontrer. Face au dessin de l'artiste, j'entrevois cette tentative et cette histoire. Maintenant que je connais ou que je crois comprendre la quête de l'univers (qui serait selon moi la recherche de cette harmonie), je voudrais y tendre moi aussi. Je voudrais développer ce talent dans mes doigts, je voudrais posséder cette habileté, je voudrais créer de la beauté. Là, ce jour là, je voudrais être une artiste, car il ne me semble rien de plus beau que ce geste. Il y a quelque chose de divin dans celui qui a travaillé son talent. © Blandine Pluchet, 2014 * * * Seit ein paar Wochen schon habe ich diesen intensiven Zeichnenkurs angefangen. An diesen Tag sollen wir die Formen und die Proportionen des Modells mit dem Pinsel finden. Ich probiere aus. Ungeschickte Farbpflecke, man erkennt etwas, ich bin aber nicht besonders zufrieden. Dann setzt sich der Dozent vor meinem Blatt, um mich zu zeigen. Mit wenigen Pinzelstrichen, zeichnet er die Modellformen, einige monochrome Pflecke bringen Licht und Schatten auf den Papier zum leben. Natürlich ist es schön. Ich beobachte die Entwicklung seiner Arbeit, fasziniert. Ich bewundere die Geschicklichkeit des Künstlers, ich beneide seine Begabung, und vergesse, daß er eine Zeit seines Lebens sich sehr angestrengt hat, um einen solchen Ergebnis zu erzielen. Mit einigen Pinselstrichen legt er den Modell auf meinen Blatt, schöner als Natur, eine monochrome ganz einfache und doch so treffende Aquarell. Es ist wunderschön, ich bleibe stumm, bewundernd. Dann habe ich langsam den vagen Gefühl, daß ich etwas verstanden habe. Etwas, daß ich schon wußte, daß ich aber nie gespürt hatte. Es wäre also das, Kunst. Die Geschicklichkeit. Um es zu verstehen, sollte ich mich zu dem Versuch bereit erklären, dann der Künstler beobachten. Wenn es Schönheit in dieser Welt geben würde, traff ich sie bis zu jenem Tag vor allem in der Natur und was sie mit millionen Jahre Ausbesserungen geschafft und korrigiert hatte. Ich fand die Museumkunstwerke interessant, das war's. An diesem Tag, bin ich mit der Künstlerleistung mehr als das fertiggestellte Werk beeindruckt. Daß ein unperfekter Mensch mit so vieler Schlichtheit und Begabung eine so schöne Zeichnung anfertigen kann. Die Pinselbewegung, die Strichgeburt und ihre Genauigkeit... ich habe gerade die innere Schönheit der Künstlergeste entdeckt. Ich habe Physik studiert. Mehr oder weniger bewusst, suchte ich Antworte an den Wie und Warum der Welt. Woher kommen wir ? Vor fünfzehn Jahren hatte ich den Gehirn immer am Arbeiten, und spielen mit mathematische Konzepte freute es mich sehr. Was hat mir die Physik beigebracht ? Ich habe einen Hauch von Antwort gefunden. Nicht der Warum, sondern ein Sinn. Verstehen, daß die Welt bis mehr Komplexität und eine gewisse Harmonie immer wieder sich entwickelt hat. Daraus resultiert eine unleugbare Schönheit. Der Physiker ist ein bisschen einen Archäologe, der die Weltgeschichte erzählt, und sie mit einer Sprache beschreibt, die Mathematik. Ich freue mich, daß ich diese so passende, von diesen Naturwissentschaftlern geschriebene Geschichte studiert habe. Der Künstler versucht auch seit längeren Zeiten die Welt zu beschreiben. Mit der gleichen Sprache, die Mathematik. Mit ebenso viele Versuche, gestellte Fragen und Korrekturen als der Physiker. Der Künstler hat auch selber eine offensichtliche Schönheit der Welt entdeckt. Die Harmonie den Proportionen. Er hat Kanonen und Goldenen Schnitt entwickelt, der Physiker physikalische Gesetze und Gleichungen. Der Physiker und der Künstler. Beide versuchen die Welt zu beschreiben, um davon die Essenz zu begreifen. Beide erfinden einen idealen Modell von der mathematischen Sprache inspiriert. Aber wenn der Modell an der Realität sich annährt, wissen die Beide, daß er die Wirklichkeit nicht ist. Die beobachtete Symetrien sind zu selten perfekt. Aber diese Asymetrien sind gerade interessant. Weil sie die Welt zur Entwicklung bringen. Wenn es am Anfang der großen von Physiker gefundene Geschichte genau so viele Teilchen und Antiteilchen geben würde, hätte die Welt sich zerstört. Und eine zu symetrische Komposition ist langweilig, würde der Künstler sagen. Da ist die Unvollkommheit, die die Welt zur Verbesserung bringt. Die Welt sucht diese Vollkommenheit anzunähern, ohne sie nie zu erreichen, wie eine logarithmische Funktion gegen unendlich strebt und ihre Grenze annährt, ohne sie nie zu erreichen. Gegenüber die Zeichung des Künstlers, ahne ich diesen Versuch und diese Geschichte. Von jetzt an, daß ich die Weltsuche kenne oder verstehen glaube (welche meines Erachtens die Suche dieser Harmonie wäre) möchte ich auch selber auf es abzielen. Ich möchte diese Begabung in meinen Fingern entwickeln, ich möchte diese Geschicklichkeit beherrschen, ich wünsche etwas Schönheit schaffen. An diesem Tag wünsche ich Künstlerin sein, weil nichts als dieser Geste mich schöner scheint. Es gibt etwas göttliches in denen, der sein Talent gearbeitet hat. © Blandine Pluchet, 2014 (Siehe Text auf Deutsch unten) Il y a, là où je vis, un gris que je n'avais jamais connu auparavant. C'est un gris clair, lourd et profond. Il naît le matin, juste à l'aurore, il prend toute la place, même celle du soleil, et il reste là toute la journée, tous les jours, des semaines durant. Il est dans le ciel, il habille le monde et il te pénètre jusqu'au plus profond des entrailles. Ce gris, ce n'est pas du brouillard, mais une brume peut-être qui reste là au-dessus de nous, un nuage indéfinissable, dont on ne perçoit pas les contours, infini. Est-ce la proximité des lacs, ou la forêt qui le retient, ce gris ? Et si le ciel nous tombait sur la tête... Ce gris, je ne l'ai connu qu'ici, en Allemagne. L'hiver germanique tel que je l'ai vécu lors de l'année 2013 avait quelque chose d'étrange. Des semaines en gris, sans voir le soleil, des semaines où le monde semblait rétréci, une sensation d'étouffement parfois, puis aussi une bête peur qui se développait « et si le soleil ne réapparaissait pas ?... » Grausam, disent les allemands, dont cruel est la traduction. Oui, ce pourrait être cruel, tant ce gris te contamine à l'intérieur. Ainsi en allemand, le mot cruel prend racine dans l'adjectif grau, gris... J'avais des images autrefois dans la tête, des images certainement sorties de films ou de textes : des hommes emmitouflés marchent dans des forêts gigantesques, sous leurs pieds la neige, devant, derrière, au dessus, la brume qui enferme le monde. Je trouvais qu'il se dégageait une certaine force de ces images et de ces personnages. Ce gris te retourne vers toi-même, dans une confrontation intérieure. Si tu gagnes, tu deviens plus fort. Puis là, je saisis soudain l'importance dans la langue allemande de ce mot qui revient tout le temps : Sehnsucht. Nostalgie. Seul un tel gris peut provoquer cette nostalgie. Car la brume peut aussi être douce, douce et triste. C'est drôle. Cette année 2014, ce gris n'est apparu qu'occasionnellement. Juste assez pour me rappeler l'hiver précédent, juste assez pour me renvoyer face à moi-même, pour me souvenir et retrouver cette Sehnsucht. Nostalgie d'une atmosphère. Cette année, j'ai commencé un cours de dessin au milieu de l'hiver. Je dessine en gris sur un papier gris, un papier recyclé pas cher qui reçoit mes premières esquisses, des dessins grossiers avec un trait qui se cherche, des formes atténuées par le gris, quelques ombres et lumières posées par nuances de gris. Peut-être que ce gris m'habite pour longtemps maintenant, peut-être qu'il m'appartient aussi un peu. Il y a un proverbe indien que j'aime bien. Il dit que la lumière de la lune sculpte, celle du soleil peint. J'y ajouterais celle de la brume : elle intériorise. © Blandine Pluchet, 2014 Si vous avez aimé lire, alors partagez mon blog svp... * * * Da wo ich lebe, es gibt ein Grau, das ich noch nie zuvor gekannt hatte. Es ist ein helles Grau, schwer und tief. Es kommt auf die Welt am Vormittag, gleich beim Morgengrauen, es nimmt den gesamten Platz, auch denjenigen der Sonne, und dieses Grau bleibt da den ganzen Tag, jeden Tag, Wochen lang. Es ist im Himmel, es zieht die Welt an und dringt dich bis die Innere durch. Dieses Grau, es ist kein Nebel, sondern einen Dunst vielleicht, die über uns bleibt, eine undefinierbare Wolke, deren man die Umrisse nicht wahrnimmt, unendlich. Ist es die Nähe den Seen oder die Wald, die dieses Grau festhält ? Und wenn der Himmel auf unseren Kopf fallen würde... Dieses Grau habe ich nur hier gekannt, in Deutschland. Der deutsche Winter, wie ich in 2013 erlebt habe, hatte etwas merkwürdig. Wochen auf Grau, ohne die Sonne zu sehen, Wochen, wo es scheinte, die Welt hätte sich verengt. Manchmal ein Gefühl von Ersticken, und auch eine blöde Angst, die sich entwickelt : «wenn die Sonne nie wieder erscheinen würde ? ... » Grausam, sagen die Deutsche, davon ist die Übersetzung cruel. Ja, es könnte grausam sein, so sehr dieses Grau dich im Inneren ansteckt. Also auf Deutsch, das Wort cruel nimmt Wurzel in dem Adjektiv grau, gris... Ich hatte früher Bilder im Kopf, bestimmt herausgenomme Bilder von Filmen oder Texten : eingemummte Menschen laufen in riesen Wälder, Schnee unter ihren Füße, und vorne, hinter, über sie, dieser Dunst, der die Welt einschließt. Ich empfand, daß es von diesem Bilder und Menschen eine gewisse Kraft ausging. Dieses Grau kehrt dich zu dir zurück, in einem inneren Konfrontation. Wenn du gewinnst, wirst du stärker. Da begreife ich dann plötzlich die Wichtigkeit dieses Wörtes, das immer in die deutsche Sprache kommt : Sehnsucht, nostalgie. Nur so ein Grau kann diese Sehnsucht verursachen. Da der Dunst kann auch mild sein, mild und traurig. Merkwürdig. Dieses Jahr 2014 ist dieses Grau nur gelegentlich erschienen. Knapp genug, um mich an den letzten Winter zu erinnern, knapp genug, um zu mir zurückzukehren, um mich die Sehnsucht zu erinnern und wieder finden. Sehnsucht einer Atmosphär. Dieses Jahr habe ich Mitte des Winters einen Zeichnenkurs begonnen. Ich zeichne in grau auf einen grauen Papier, einen recycling Papier, der meine erste Skizze bekommt, grobe Zeichnungen mit einem Strich, der sich sucht, wegen dem Grau abschwächende Formen, einige Licht und Schatten da und dort, Graunuancen. Vielleicht wohnt dieses Grau für immer irgendwo bei mir, vielleicht gehört es mir auch ein wenig. Es gibt ein indisches Sprichwort, das mir gefällt. Es sagt, das Licht des Mondes formt, dasjenige der Sonne malt. Ich würde dasjenige des Dunstes hinfügen : es verinnerlicht. © Blandine Pluchet, 2014 Wenn ihr beim Lesen Spaß gehabt habt, dann bitte von meinem Blog einfach weiter sprechen... Je publie sur ma page photos quelques images du Pays Bleu, qui se situe entre Murnau et Garmisch-Partenkirschen au sud de la Bavière, au pied des Alpes.
Ces paysages ont inspiré nombre d'artistes, et j'ose espérer que mes quelques photos quoique très amateur rendront hommage à cette magnifique région... Quand on m'avait dit l'été dernier que c'était un été avec peu de moustiques, je ne l'avais pas cru. Honnêtement, je n'en avais jamais vu autant. Impossible de sortir dans le jardin sans croiser un des ces insectes, et bien difficile d'éviter celui qui avait décidé de passer à l'attaque. Aussi le soir, nous faisions attention en ouvrant les fenêtres... éteignions les lumières, et tout et tout... Cette année 2013 en Allemagne débuta par un hiver infini en noir et blanc, tant qu'on en venait à se demander si l'humanité reverrait un jour le soleil. Mais enfin, le printemps osa pointer quelques bourgeons, hésitant tout de même, sous des trombes d'eau et des inondations. L'eau stagnante s'installa un peu partout, et la chaleur revint tout à coup au grand bonheur de tous. Une météo de rêve, aussi pour les moustiques. Ils l'ont expliqué à la radio. La famille des Culicidae (ce sont eux) allait cette année proliférer. Moi, je me suis juste souvenue de l'année précédente, puis j'ai pensé « Oh non... encore une fois ». Mais bon, je croyais connaître, alors on n'allait pas me faire peur. Pourtant. J'étais loin de m'imaginer la réalité. Quand on s'installe dans un endroit étranger (deux petites années que nous vivons en Allemagne), on amène quelques infos dans les bagages, on discute avec les gens, on s'imagine ce qu'on ne connaît pas... mais la confrontation à la réalité, c'est autre chose... Et puis, quand on écoute la radio dans une langue qui n'est pas la nôtre même si on la comprend à peu près, les informations et les événements relatés gardent une certaine distance, ils atteignent plus difficilement notre sphère émotive. C'est finalement comme si je n'habitais qu'à moitié là, observatrice étrangère, comme si ce pays, je ne l'avais pas autant dans les tripes que si j'y avais passé la majeure partie de ma vie... Alors, les moustiques, on en parlait autour de nous, mais bon... Rien ne remplace le vécu personnel, c'est bien connu. Jusqu'à ce fameux soir, en rentrant du lac en vélo (nous habitons dans une région de lacs...). Et l'attaque. Il faisait encore chaud, nous nous étions bien baignés, nous roulions dans les bois. Et soudain, dans la côte où nous poussions bravement nos vélos, ils nous sont tombés dessus. En nuée, ils passèrent à l'attaque. Nos bras et nos jambes nues à leur merci, des dizaines de moustiques essayant de nous planter leur trompe dans la peau pour sucer notre sang... Panique. Mon mari et moi encourageant tant bien que mal nos enfants à pousser les vélos dans la côte, surtout ne pas s'arrêter, même si la fatigue osait survenir... C'était la panique, et les moustiques devaient vivre un grand moment d'extase... Que je rassure tout le monde, nous avons survécu. Avec des piqûres et des démangeaisons pour quelques jours, on s'en tirait pas si mal. C'était donc cela les moustiques en 2013. Des nuées qui vous tombent dessus, assoiffées de sang, des nuées qui attaquent en bandes organisées ici, en Allemagne, en Europe. Évidemment, dès le lendemain, je suivis l'exemple de notre voisin. J'avais compris. J'installais des moustiquaires à toutes les fenêtres. Pour une fois dans ma vie, je ne me suis pas vraiment laissée le temps de la réflexion. Cela faisait par ailleurs déjà quelques jours que nous n'ouvrions plus les fenêtres la nuit à cause des petites bêtes, et nous manquions d'air. Quel soulagement. Ils étaient toujours là, derrière les portes et les fenêtres. Presque on aurait eu envie leur tirer la langue, « Nananère, vous n'entrerez pas ». Ils restaient collés aux moustiquaires... A présent, quand je rentre dans ma maison, je découvre une sensation de liberté inconnue jusqu'alors. Du jardin inhospitalier à la maison qui respire... je peux enfin ouvrir les fenêtres sans me poser de questions... de l'air, et que la lumière soit... quand même, je vais l'écrire : vive les moustiquaires ! Oui, nous sommes passés aux grands moyens. Plus une sortie à l'extérieur sans le fameux élixir anti-moustiques. Des vêtements couvrant autant que possible et plutôt clairs, parce que le noir les attireraient... et plus de parfum... J'ai décidé de protéger les toiles d'araignées sur les cadres de mes fenêtres, car aujourd'hui, je vénère tous les prédateurs des Culicidae... oui, petit moustique, viens te prendre au piège de la belle toile... d'araignée ! J'écoute le soir avec délice les coassements des batraciens dans mon jardin en leur souhaitant bon appétit... petits, petits, venez, chers prédateurs de moustiques... vous aussi les oiseaux et les chauve-souris, vous êtes les bienvenus, ce soir c'est la fête, régalez-vous ! (là, c'est mon fils qui va être content... entre crapauds, chauve-souris et araignées, ça va être Halloween tous les jours à la maison). Plongée dans mes réflexions, haïssant au plus haut point ces insectes sanguinaires, je prends soudain conscience de leur rôle. Et oui, ils servent aussi à quelque chose, les moustiques. Un petit tour sur Wikipédia, et j'apprends qu'ils participent à la pollinisation, qu'ils font bien sûr partie de la chaîne alimentaire (comment fêterions-nous Halloween sans eux...), mais aussi que leurs larves représentent une part importante de la biomasse des écosystèmes aquatiques et participent ainsi à la bio-épuration des eaux marécageuses... Et voilà, encore une fois, je donne raison à la nature. Chaque être qui la peuple a son rôle à jouer, et la complexité des écosystèmes nous étonnera toujours, nous les humains. Puis ces écosystèmes, nous en faisons aussi parties, ce sont eux qui nous ont créés. Alors voilà, restons modeste face à la grandeur du monde, admirons et respectons les équilibres. A nous de faire fonctionner notre imagination pour nous adapter et nous protéger. Oh, j'en viendrais presque à remercier les moustiques de stimuler un peu notre intelligence. Oserais-je ? |
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