BLANDINE PLUCHET
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Le monde en gris / Die Welt auf Grau

16/2/2014

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(Siehe Text auf Deutsch unten)



Il y a, là où je vis, un gris que je n'avais jamais connu auparavant. C'est un gris clair, lourd et profond. Il naît le matin, juste à l'aurore, il prend toute la place, même celle du soleil, et il reste là toute la journée, tous les jours, des semaines durant. Il est dans le ciel, il habille le monde et il te pénètre jusqu'au plus profond des entrailles. Ce gris, ce n'est pas du brouillard, mais une brume peut-être qui reste là au-dessus de nous, un nuage indéfinissable, dont on ne perçoit pas les contours, infini. Est-ce la proximité des lacs, ou la forêt qui le retient, ce gris ?

Et si le ciel nous tombait sur la tête...

Ce gris, je ne l'ai connu qu'ici, en Allemagne. L'hiver germanique tel que je l'ai vécu lors de l'année 2013 avait quelque chose d'étrange. Des semaines en gris, sans voir le soleil, des semaines où le monde semblait rétréci, une sensation d'étouffement parfois, puis aussi une bête peur qui se développait « et si le soleil ne réapparaissait pas ?... »

Grausam, disent les allemands, dont cruel est la traduction. Oui, ce pourrait être cruel, tant ce gris te contamine à l'intérieur. Ainsi en allemand, le mot cruel prend racine dans l'adjectif grau, gris...


J'avais des images autrefois dans la tête, des images certainement sorties de films ou de textes : des hommes emmitouflés marchent dans des forêts gigantesques, sous leurs pieds la neige, devant, derrière, au dessus, la brume qui enferme le monde.

Je trouvais qu'il se dégageait une certaine force de ces images et de ces personnages.

Ce gris te retourne vers toi-même, dans une confrontation intérieure. Si tu gagnes, tu deviens plus fort. Puis là, je saisis soudain l'importance dans la langue allemande de ce mot qui revient tout le temps : Sehnsucht. Nostalgie. Seul un tel gris peut provoquer cette nostalgie. Car la brume peut aussi être douce, douce et triste.

C'est drôle. Cette année 2014, ce gris n'est apparu qu'occasionnellement. Juste assez pour me rappeler l'hiver précédent, juste assez pour me renvoyer face à moi-même, pour me souvenir et retrouver cette Sehnsucht. Nostalgie d'une atmosphère.

Cette année, j'ai commencé un cours de dessin au milieu de l'hiver. Je dessine en gris sur un papier gris, un papier recyclé pas cher qui reçoit mes premières esquisses, des dessins grossiers avec un trait qui se cherche, des formes atténuées par le gris, quelques ombres et lumières posées par nuances de gris. Peut-être que ce gris m'habite pour longtemps maintenant, peut-être qu'il m'appartient aussi un peu.

Il y a un proverbe indien que j'aime bien. Il dit que la lumière de la lune sculpte, celle du soleil peint. J'y ajouterais celle de la brume : elle intériorise.


© Blandine Pluchet, 2014
Si vous avez aimé lire, alors partagez mon blog svp...



                        * * *


Da wo ich lebe, es gibt ein Grau, das ich noch nie zuvor gekannt hatte. Es ist ein helles Grau, schwer und tief. Es kommt auf die Welt am Vormittag, gleich beim Morgengrauen, es nimmt den gesamten Platz, auch denjenigen der Sonne, und dieses Grau bleibt da den ganzen Tag, jeden Tag, Wochen lang. Es ist im Himmel, es zieht die Welt an und dringt dich bis die Innere durch. Dieses Grau, es ist kein Nebel, sondern einen Dunst vielleicht, die über uns bleibt, eine undefinierbare Wolke, deren man die Umrisse nicht wahrnimmt, unendlich. Ist es die Nähe den Seen oder die Wald, die dieses Grau festhält ?

Und wenn der Himmel auf unseren Kopf fallen würde...

Dieses Grau habe ich nur hier gekannt, in Deutschland. Der deutsche Winter, wie ich in 2013 erlebt habe, hatte etwas merkwürdig. Wochen auf Grau, ohne die Sonne zu sehen, Wochen, wo es scheinte, die Welt hätte sich verengt. Manchmal ein Gefühl von Ersticken, und auch eine blöde Angst, die sich entwickelt : «wenn die Sonne nie wieder erscheinen würde ? ... »

Grausam, sagen die Deutsche, davon ist die Übersetzung cruel. Ja, es könnte grausam sein, so sehr dieses Grau dich im Inneren ansteckt. Also auf Deutsch, das Wort cruel nimmt Wurzel in dem Adjektiv grau, gris...

Ich hatte früher Bilder im Kopf, bestimmt herausgenomme Bilder von Filmen oder Texten : eingemummte Menschen laufen in riesen Wälder, Schnee unter ihren Füße, und vorne, hinter, über sie, dieser Dunst, der die Welt einschließt.

Ich empfand, daß es von diesem Bilder und Menschen eine gewisse Kraft ausging.

Dieses Grau kehrt dich zu dir zurück, in einem inneren Konfrontation. Wenn du gewinnst, wirst du stärker. Da begreife ich dann plötzlich die Wichtigkeit dieses Wörtes, das immer in die deutsche Sprache kommt : Sehnsucht, nostalgie. Nur so ein Grau kann diese Sehnsucht verursachen. Da der Dunst kann auch mild sein, mild und traurig.

Merkwürdig. Dieses Jahr 2014 ist dieses Grau nur gelegentlich erschienen. Knapp genug, um mich an den letzten Winter zu erinnern, knapp genug, um zu mir zurückzukehren, um mich die Sehnsucht zu erinnern und wieder finden. Sehnsucht einer Atmosphär.

Dieses Jahr habe ich Mitte des Winters einen Zeichnenkurs begonnen. Ich zeichne in grau auf einen grauen Papier, einen recycling Papier, der meine erste Skizze bekommt, grobe Zeichnungen mit einem Strich, der sich sucht, wegen dem Grau abschwächende Formen, einige Licht und Schatten da und dort, Graunuancen. Vielleicht wohnt dieses Grau für immer irgendwo bei mir, vielleicht gehört es mir auch ein wenig.

Es gibt ein indisches Sprichwort, das mir gefällt. Es sagt, das Licht des Mondes formt, dasjenige der Sonne malt. Ich würde dasjenige des Dunstes hinfügen : es verinnerlicht.



© Blandine Pluchet, 2014
Wenn ihr beim Lesen Spaß gehabt habt, dann bitte von meinem Blog einfach weiter sprechen...

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Naissance d'un recueil de nouvelles

20/6/2013

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Tout a du commencer un jour pendant mes études, peut-être pendant un cours magistral où je ne devais pas être très concentrée, un de ces moments où on lâche le fil des explications et les idées partent tout azimut, sauf vers le tableau.

Tout a du commencer ce jour là, où il m'est apparu clairement, tout d'un coup, que je voulais écrire des livres. Une idée là, qui passe à travers la tête, confuse au milieu de tout le reste (un tableau rempli d'équations mathématiques décrivant des phénomènes physiques, la voix monotone d'un professeur, des feuilles qui glissent et des bancs qui craquent, des chuchotements, des rires étouffés...). Une idée qui se fixe au milieu de tout ça et qui reste dans un coin de la tête, toujours présente, même quand on pense à autre chose. Une idée fixe. Une vérité personnelle qui s'impose, pour ainsi dire une évidence.

Il y a des déclics comme ça dans la vie. Des pensées qui se croisent dans la tête sans se comprendre, jusqu'au jour où intuition et affinité les font se rencontrer et s'associer.

J'ai toujours aimé les livres, c'est sûr, et avant ma trépidante vie d'étudiante en physique puis bientôt familiale, j'étais une lectrice insatiable. J'aime les histoires, j'aime découvrir et apprendre. Mais j'aime aussi parler et raconter. Alors écrire des livres, oui, ça pouvait me ressembler. Partager mes impressions et mes découvertes sur le monde.

L'idée fixe restant bien ancrée dans ce coin de ma tête, je m'y suis finalement mise, à l'écriture, plus ou moins adroitement. Et peu à peu, je me suis demandée ce que je pourrais faire de toutes mes connaissances en physique, sans devoir me réorienter. Est ainsi venue l'idée de la série Fisie Ka, une manière de raconter la physique aux enfants, puis la publication de ces petits livres aux éditions le Pommier.

Le temps passa... Une famille, pas mal de déménagements, la vie à l'étranger, et des projets d'écriture dans tous les sens qui ne se terminaient pas...

Jusqu'au jour où j'ai justement eu envie d'écrire sur le mouvement. J'ai eu envie de parler de tous ces moments dans la vie qui bougent et nous font bouger. Un trajet de vacances, la route de l'école, une balade en vélo, un déménagement, l'attente dans un aéroport, un transit... des moments entre deux histoires qui sont des histoires en eux-mêmes, des moments dans un monde furtif en mouvement, en attente.

Parce que ces temps d'attente et de transition vers autre chose sont riches en expériences, et parce qu'on ne prend pas forcément le temps de les apprécier. Pressés, projetés vers le futur, voyageant toujours plus loin, plus vite, déplacements quotidiens incessants, nous sommes de moins en moins présents au présent.

J'ai choisi la forme du recueil de nouvelles, qui se prêtait, à mon avis, idéalement à mon projet, parce que je souhaitais raconter des histoires d'un instant, me concentrer sur des ambiances, des atmosphères, explorer diverses situations de déplacement.

J'ai écrit des histoires de voyage dans le voyage. Et peut-être qu'avec cette écriture, j'ai souhaité me poser un peu, là où ça bouge.

Pour écrire, je me suis souvenue. J'ai pioché avec plaisir dans mes souvenirs, j'ai rafistolé, j'ai brodé, j'ai créé ces histoires. J'ai relu, reformulé, je me suis faite relire et critiquer... j'ai repris... à un moment je me suis dit qu'il était temps de me lancer.

Voilà, le recueil venait de naître. Il ne restait plus qu'à l'habiller... mise en page, couverture, des détails non sans importance.... puis il y a un moment où je me suis dit ça suffit maintenant, ce recueil de nouvelles est prêt. Il s'intitule Histoires de bouger. C'est à lui maintenant de faire son chemin. C'est à lui de bouger, de voyager. Alors je l'ai mis en ligne sur la toile. Juste ainsi pour commencer. Au hasard des clics et des partages. En attendant la suite.

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