(auf Deutsch unten sehen) Cela fait déjà quelques semaines que je suis ce cours intensif de dessin. Ce jour là, nous devons retrouver les formes et les proportions du modèle au pinceau. Je tâtonne. Des taches de couleur maladroites, on reconnaît quelque chose, mais je ne suis pas vraiment satisfaite du résultat. Alors l'enseignant s'assoit devant ma feuille pour me montrer. En quelques coups de pinceau, il trace les formes du modèle, quelques taches monochromes font vivre l'ombre et la lumière sur le papier. Évidemment, c'est beau. J'observe l'évolution de son travail, subjuguée. J'admire l'habileté de l'artiste, j'envie sa facilité, oubliant le travail qu'il a du fournir un temps de sa vie pour obtenir un tel résultat. En quelques coups de pinceau, il pose la modèle sur ma feuille, plus belle que nature, une aquarelle monochrome d'une grande simplicité et pourtant si juste. C'est magnifique, j'en reste muette, admirative. Puis peu à peu, j'ai le sentiment diffus que je viens de comprendre quelque chose. Quelque chose que je savais déjà, mais que je n'avais jamais ressenti. Ce serait donc cela l'art. L'habileté. Pour le comprendre, je devais donc m'y prêter, puis observer l'artiste. Si il y a de la beauté dans ce monde, je la rencontrais jusqu'alors surtout dans la nature et ce qu'elle avait pu créer et corriger par retouches de millions d'années. Je trouvais les œuvres d'art dans les musées intéressantes, c'est tout. Ce jour là, plus que l’œuvre achevée, c'est la prestation de l'artiste qui m'impressionne. Qu'un homme imparfait puisse exécuter avec autant de simplicité et de facilité un si beau dessin. Le mouvement du pinceau, la naissance du trait, la précision de la touche... je viens de découvrir la beauté intrinsèque au geste de l'artiste. J'ai fait des études de physique. Plus ou moins consciemment, je cherchais des réponses au comment et au pourquoi du monde. D'où venons-nous ? Il y a quinze ans, j'avais le cerveau en ébullition, et jouer avec des concepts mathématiques m'enchantait. Qu'est-ce que la physique m'a appris ? J'ai trouvé un semblant de réponse. Pas le pourquoi, mais un sens. Comprendre que le monde a sans cesse évolué vers plus de complexité et une certaine harmonie, dont découle une indéniable beauté. Le physicien est un peu un archéologue qui retrace l'histoire de l'univers et du monde, la décrivant avec une langue, les mathématiques. Je suis heureuse d'avoir étudié cette histoire si juste, écrite par ces hommes de science. L'artiste aussi cherche depuis longtemps à décrire le monde. Avec la même langue, les mathématiques. Avec autant d'essais, d'expérimentations, de remise en question et de corrections que le physicien. L'artiste a lui aussi découvert une manifeste beauté du monde. L'équilibre des proportions. Il a développé des canons, des règles d'or, le physicien des lois physiques, des équations. Le physicien et l'artiste. Tous deux cherchent à décrire le monde pour en saisir l'essence, tous deux inventent un modèle idéal inspiré d'une langue, les mathématiques. Mais si le modèle se rapproche de la réalité, tous deux savent qu'il ne l'est pas. Car le monde est imparfait. Les symétries observées ne sont que rarement parfaites. Mais ces asymétries sont justement intéressantes. Car elles font évoluer le monde. Si, au début de la grande histoire dévoilée par les physiciens, il y avait eu autant de particules que d'antiparticules, le monde se serait annihilé. Et une composition trop symétrique est ennuyante, dira l'artiste. Ce sont les imperfections qui engagent le monde à s'améliorer. Il cherche ainsi à se rapprocher de la perfection sans jamais l'atteindre, comme une fonction logarithmique tendant vers l'infini approche sa limite sans jamais la rencontrer. Face au dessin de l'artiste, j'entrevois cette tentative et cette histoire. Maintenant que je connais ou que je crois comprendre la quête de l'univers (qui serait selon moi la recherche de cette harmonie), je voudrais y tendre moi aussi. Je voudrais développer ce talent dans mes doigts, je voudrais posséder cette habileté, je voudrais créer de la beauté. Là, ce jour là, je voudrais être une artiste, car il ne me semble rien de plus beau que ce geste. Il y a quelque chose de divin dans celui qui a travaillé son talent. © Blandine Pluchet, 2014 * * * Seit ein paar Wochen schon habe ich diesen intensiven Zeichnenkurs angefangen. An diesen Tag sollen wir die Formen und die Proportionen des Modells mit dem Pinsel finden. Ich probiere aus. Ungeschickte Farbpflecke, man erkennt etwas, ich bin aber nicht besonders zufrieden. Dann setzt sich der Dozent vor meinem Blatt, um mich zu zeigen. Mit wenigen Pinzelstrichen, zeichnet er die Modellformen, einige monochrome Pflecke bringen Licht und Schatten auf den Papier zum leben. Natürlich ist es schön. Ich beobachte die Entwicklung seiner Arbeit, fasziniert. Ich bewundere die Geschicklichkeit des Künstlers, ich beneide seine Begabung, und vergesse, daß er eine Zeit seines Lebens sich sehr angestrengt hat, um einen solchen Ergebnis zu erzielen. Mit einigen Pinselstrichen legt er den Modell auf meinen Blatt, schöner als Natur, eine monochrome ganz einfache und doch so treffende Aquarell. Es ist wunderschön, ich bleibe stumm, bewundernd. Dann habe ich langsam den vagen Gefühl, daß ich etwas verstanden habe. Etwas, daß ich schon wußte, daß ich aber nie gespürt hatte. Es wäre also das, Kunst. Die Geschicklichkeit. Um es zu verstehen, sollte ich mich zu dem Versuch bereit erklären, dann der Künstler beobachten. Wenn es Schönheit in dieser Welt geben würde, traff ich sie bis zu jenem Tag vor allem in der Natur und was sie mit millionen Jahre Ausbesserungen geschafft und korrigiert hatte. Ich fand die Museumkunstwerke interessant, das war's. An diesem Tag, bin ich mit der Künstlerleistung mehr als das fertiggestellte Werk beeindruckt. Daß ein unperfekter Mensch mit so vieler Schlichtheit und Begabung eine so schöne Zeichnung anfertigen kann. Die Pinselbewegung, die Strichgeburt und ihre Genauigkeit... ich habe gerade die innere Schönheit der Künstlergeste entdeckt. Ich habe Physik studiert. Mehr oder weniger bewusst, suchte ich Antworte an den Wie und Warum der Welt. Woher kommen wir ? Vor fünfzehn Jahren hatte ich den Gehirn immer am Arbeiten, und spielen mit mathematische Konzepte freute es mich sehr. Was hat mir die Physik beigebracht ? Ich habe einen Hauch von Antwort gefunden. Nicht der Warum, sondern ein Sinn. Verstehen, daß die Welt bis mehr Komplexität und eine gewisse Harmonie immer wieder sich entwickelt hat. Daraus resultiert eine unleugbare Schönheit. Der Physiker ist ein bisschen einen Archäologe, der die Weltgeschichte erzählt, und sie mit einer Sprache beschreibt, die Mathematik. Ich freue mich, daß ich diese so passende, von diesen Naturwissentschaftlern geschriebene Geschichte studiert habe. Der Künstler versucht auch seit längeren Zeiten die Welt zu beschreiben. Mit der gleichen Sprache, die Mathematik. Mit ebenso viele Versuche, gestellte Fragen und Korrekturen als der Physiker. Der Künstler hat auch selber eine offensichtliche Schönheit der Welt entdeckt. Die Harmonie den Proportionen. Er hat Kanonen und Goldenen Schnitt entwickelt, der Physiker physikalische Gesetze und Gleichungen. Der Physiker und der Künstler. Beide versuchen die Welt zu beschreiben, um davon die Essenz zu begreifen. Beide erfinden einen idealen Modell von der mathematischen Sprache inspiriert. Aber wenn der Modell an der Realität sich annährt, wissen die Beide, daß er die Wirklichkeit nicht ist. Die beobachtete Symetrien sind zu selten perfekt. Aber diese Asymetrien sind gerade interessant. Weil sie die Welt zur Entwicklung bringen. Wenn es am Anfang der großen von Physiker gefundene Geschichte genau so viele Teilchen und Antiteilchen geben würde, hätte die Welt sich zerstört. Und eine zu symetrische Komposition ist langweilig, würde der Künstler sagen. Da ist die Unvollkommheit, die die Welt zur Verbesserung bringt. Die Welt sucht diese Vollkommenheit anzunähern, ohne sie nie zu erreichen, wie eine logarithmische Funktion gegen unendlich strebt und ihre Grenze annährt, ohne sie nie zu erreichen. Gegenüber die Zeichung des Künstlers, ahne ich diesen Versuch und diese Geschichte. Von jetzt an, daß ich die Weltsuche kenne oder verstehen glaube (welche meines Erachtens die Suche dieser Harmonie wäre) möchte ich auch selber auf es abzielen. Ich möchte diese Begabung in meinen Fingern entwickeln, ich möchte diese Geschicklichkeit beherrschen, ich wünsche etwas Schönheit schaffen. An diesem Tag wünsche ich Künstlerin sein, weil nichts als dieser Geste mich schöner scheint. Es gibt etwas göttliches in denen, der sein Talent gearbeitet hat. © Blandine Pluchet, 2014
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