DANS LES COULISSES DU LIVRE


"Durant une année, les montagnes et les scientifiques qui y travaillent au quotidien ont été mes guides. Mais que pouvais-je bien apprendre de plus qui ne figurait déjà dans les manuels ? En vérité, tout un monde que j’ignorais s’est révélé à moi. J’ai découvert au cœur des montagnes un secret : elles sont un sanctuaire où s’épanouissent encore les vestiges d’un monde disparu."

Recherches d'altitude

"Je retrouve Hannes au départ du téléphérique, au pied d’une montagne invisible car recouverte d’un épais brouillard matinal. [...] Le laboratoire où le physicien œuvre se trouve à plus de 2 600 mètres d’altitude, dans un bâtiment appelé Schneefernerhaus, la « Maison du glacier des neiges ». [...] Quand les portes se referment, la cabine s’élève et plonge dans le brouillard. À présent, ni la vallée ni le sommet ne sont visibles, et nous évoluons dans un nuage démesurément gris, suspendus à un câble sans début ni fin."
Illustration Laeticia Locteau
"L’air est piquant et soudain transparent, et le soleil traverse enfin le brouillard pour se projeter sur deux coupoles. La montagne est bien là. Face à nous, les cimes enneigées sont maintenant si nombreuses que j’ai l’impression d’être sur le toit du monde."

"— La Schneefernerhaus, c’est comme un bateau scientifique haut perché dans la montagne, s’enthousiasme Till."

"On étudie ici autant le cœur des montagnes que l’atmosphère et l’Univers. Les instruments sur la terrasse explorent les aérosols, les nuages, les rayons cosmiques, la vapeur d’eau, l’air et ses constituants, mais aussi les polluants contenus dans l’eau de pluie, etc."

"Sur la terrasse, à 2 650 mètres d’altitude, les étoiles, la Lune, la montagne et les quelques scientifiques présents ce soir à la Schneefernerhaus sont au rendez-vous. [...] le laser tient ses promesses. Par la coupole ouverte, il s’élève dans le ciel : j’admire la colonne lumineuse verte phosphorescente qui s’élance dans l’atmosphère, rectiligne, vers les astres. Le physicien surveille le tout avec distance, dans la nuit froide et calme, et les voix des spectateurs sont feutrées par l’espace infini."

"Dans le tunnel de la Zugspitze, [...] la paroi supérieure est recouverte d’une forêt éparse de somptueux cristaux de glace et de stalactites. De loin, elle semble faite de minuscules écailles qui se juxtaposent sur des mètres carrés de surface de roche. De près, l’observation des cristaux est fascinante. Ils grandissent en symétrie hexagonale, et les lignes de croissance entre les axes sont bien visibles. On dirait des flocons de neige géants."


Les montagnes invisibles



"J’ai grandi parmi les vestiges de ces cimes disparues. [...] C’est une petite fleur qui m’a révélé cet ancien massif. Des plus discrètes, elle est un symbole de ce monde invisible : c’est la gagée de Bohême."
"Outre la petite fleur, Mathieu m’a proposé de me montrer quelques curiosités : rien de moins que la racine de ces anciennes montagnes, le socle du Massif armoricain qu’on observe près de chez lui, pas loin de la petite ville de Thouars, dans la vallée du Pressoir. La vallée est apparue d’un coup, aux confins d’un chemin bordé de haies touffues. Il y fait plutôt frais, ce matin d’automne. Le soleil est encore bas, et le granite qui affleure dans les versants abrupts arbore des teintes rosées. Étroite, profonde de plusieurs dizaines de mètres, la vallée marque une faille. Une rivière en parcourt le fond humide, et l’on imagine le long et lent travail d’érosion de l’eau qui a forgé ce petit canyon."
"Les granites qui affleurent ici ont donc été soulevés avec des ensembles de terrains montagneux. Ils apparaissent lorsque les roches situées au-dessus d’eux ont été complètement érodées. Voilà pourquoi ils sont abondants dans les vallons de Gâtine où je randonne : l’usure du temps a effacé la partie immergée du Massif armoricain et découvre à présent ces structures autrefois très profondes qui formaient le socle de ces reliefs."

"— Je vais te raconter la légende qui s’enracine ici, [...] me propose Violette. C’est celle du Nombril du Monde…"
Illustration Laeticia Locteau
"De certains sommets je ne verrai cependant jamais les traces. Inaccessibles, ils se trouvent à vingt mille lieues sous les mers. C’est une œuvre d’art qui me les a dévoilés, de ces œuvres qui racontent particulièrement bien la science et le monde."

"La peinture que j’ai sous les yeux est l’une des œuvres de Heinrich Berann. Intitulée World Ocean Floor Map – «carte du fond océanique mondial» –, elle est le fruit de la collaboration entre l'artiste autrichien et l'océanographe américaine Marie Tharp."



Aux portes du cosmos



"Un immense fleuve de glace, comme je n’en ai jamais vu, glisse entre les versants sur des kilomètres, entrecoupé de crevasses, de séracs, de moraines et de blocs de glace bleutés, au pied de sommets lointains culminant à plus de 4 000 mètres. Il s’agit du glacier d’Aletsch, le plus long des Alpes, une titanesque masse d’eau gelée qui fond inexorablement [...]."
"La station de recherche alpine du Jungfraujoch est aujourd’hui un véritable musée des sciences. La décoration et le mobilier reflètent le début du XXe siècle. Même l’installation électrique, toujours en  porcelaine, est d’époque ! Dans les laboratoires, les armoires à l’ancienne sont vitrées et laissent voir fioles, béchers et spatules métalliques. [...]"


"Le Sphinx du Jungfraujoch est, à l’instar du mythe, un  observatoire du ciel diurne pour la météo, et nocturne pour les astres."

"Les observations astronomiques sont meilleures en altitude, car l’air y est peu troublé, l’atmosphère pure et transparente. Depuis la conquête des cimes, des observatoires ont été construits un peu partout dans le monde sur les sommets pour y installer des lunettes ou des télescopes."
Illustration Laeticia Locteau


"Nous arrivons au sommet du mont Bougès alors que notre étoile disparaît rapidement derrière une ligne de crêtes, rougeoyant. Je reste quelques instants silencieuse, happée par le ciel. Au-dessus des lointains causses, Vénus est là, prête à rejoindre le Soleil. La Lune, presque pleine, ainsi que Jupiter et Saturne un peu plus tard, annoncent quant à eux l’arrivée de la nuit profonde. Un vent frais se lève sur les monts des Cévennes et balaye de ses rafales les dernières traces du jour."



"— Nous découvrions un autre espace dans nos vies, une liberté qui enchantait les enfants. La nuit, le temps ne compte plus de la même façon, c’est comme un moment suspendu. me raconte la photographe Carole Reboul."
Photo Carole Reboul
"Le Laboratoire souterrain de Modane est un lieu vraiment insolite. Les physiciens y profitent du caractère virginal des cathédrales de roche pour explorer les arcanes de l’Univers. Ici, ils tentent de lever le voile sur une réalité cachée, hors d’atteinte en surface."



LIENS

Le centre de recherche d'altitude Schneefernerhaus en Allemagne
Le sommet de la Zugspitze en Allemagne
Le centre de recherche d'altitude Jungfraujoch en Suisse
L'observatoire astronomique du Pic du Midi dans les Pyrénées
Le laboratoire Souterrain de Modane dans les Alpes
L'Atlas international des nuages
La gagée de Bohème
La vallée du Pressoir dans les Deux-Sèvres
Les chaos granitiques de Largeasse
Le Nombril du Monde en Gâtine
La réserve de ciel étoilé des Cévennes
Las Médulas en Espagne
La grotte de Postojna en Slovénie
Le musée du disque de Nebra en Allemagne
Les photos de Carole Reboul
Les illustrations de Laeticia Locteau


PRESSE